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Dans ma vie actuelle ma conscience est-elle éveillée ou entravée ?

Auteur
Yann Lebatard
Professeur de philosophie
Sommaire
Conscience - Cet article fait partie d'une série.
Partie 1: Cet article

Introduction
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Il peut paraître surprenant de choisir l’image d’une biche prenant soin de son faon comme image pour symboliser la conscience. Cependant, il me semble que cette biche joue exactement vis-à-vis de son faon le rôle que notre conscience devrait jouer normalement pour notre personne. La biche protège et prend soin de son faon. C’est normalement le rôle que devrait jouer notre conscience à notre égard. Pour bien le comprendre, prenons un peu de hauteur, et essayons de discerner quel est le rôle de notre conscience dans notre vie.

Pour ce faire, il est bon de rappeler qu’Aristote soutenait que tous les êtres humains ont le même but dans la vie, c’est d’être heureux. Nous verrons dans le cours sur le bonheur qu’il n’est pas qu’un simple état d’âme mais plutôt un ensemble d’actes de connaissance et d’amour. Par ailleurs, nous avons vu dans nos cours sur la liberté, que la véritable liberté ne consiste pas à rester simplement au niveau du libre-arbitre mais qu’au contraire elle consiste à développer nos vertus pour épanouir notre liberté de qualité. Cette liberté de qualité, c’est la capacité qui nous a été donnée de faire le bien.

Cette liberté de qualité demande de développer la maîtrise de soi, notre liberté intérieure. C’est pourquoi nous avons besoin des vertus pour y arriver. Je vous remets ici la liste des cours sur la liberté, pour aider ceux qui découvriraient directement ce cours sur la conscience sans avoir bien suivi l’ordre d’exposition prévu :

Nos désirs sont-ils compatibles avec notre liberté ?


La liberté se réduit-elle à suivre nos émotions ?

Les actes volontaires

Les 4 caractéristiques de nos actions selon Hannah Arendt
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Pour comprendre l’importance du rôle que notre conscience peut jouer dans notre vie, il est bon de bien comprendre auparavant quelles sont les caractéristiques de nos actions. En effet, si nous voulons être heureux, nous devons agir, et plus précisément agir selon notre liberté de qualité, c’est-à-dire bien agir. Attendre sans rien faire, en effet, ne permet que très rarement de développer notre bonheur. Pour bien agir, encore faut-il bien comprendre la profondeur de nos actions, ce qui est loin d’être simple. Hannah Arendt peut alors nous aider. Dans son chapitre V, intitulé l’Action, de son livre Condition de l’homme moderne, elle arrive à la conclusion que toutes nos actions possèdent 4 caractéristiques :

  1. Elles comportent toujours une part d’imprévisibilité car il est très difficile de savoir comment les autres vont réagir à nos actions et il est aussi difficile de déterminer toutes leurs conséquences. Cependant il est possible de compenser en partie cette imprévisibilité par nos promesses données et tenues.
  2. Par nature, nos actions sont souvent irréversibles. Nous ne pouvons pas revenir en arrière et défaire ce que nous avons fait. Parfois nous pouvons déconstruire ce que nous avons construit, mais les deux processus d’assemblage et de désassemblage demandent de l’énergie que nous ne retrouverons pas en l’état après. De plus, souvent, les conséquences de nos actions restent présentes même si nous aimerions revenir dans le passé. C’est pourquoi nous avons besoin d’apprendre à demander pardon et à pardonner pour limiter les effets négatifs de l’irréversibilité.
  3. Nos actions s’inscrivent dans la pluralité humaine. Elle veut dire par là que nos actions ont des conséquences sur les autres être humains. Il nous faut donc tenir compte de ces conséquences quand nous décidons d’agir. Cela complique grandement notre anticipation car il est parfois difficile de comprendre comment les autres vont réagir.
  4. Enfin, elle soutient que nous sommes tous puissances de commencements par nos actions. Nous pouvons initier de nouvelles relations, nous pouvons apporter des nouveautés dans notre monde. Nous pouvons prendre comme exemples les amitiés nouvelles que nous pouvons susciter, les amours nouveaux, ainsi que les associations nouvelles. Nous sous-estimons souvent notre puissance de créativité. Nous croyons trop que notre puissance de créativité réside dans nos objets techniques et technologiques en oubliant qu’ils sont bien moins importants que la qualité des relations que nous pouvons tisser. Cela ne veut pas dire que nos inventions techniques et technologiques sont inutiles, mais seulement qu’il ne faut pas se tromper dans la hiérarchie des valeurs comme nous le rappelerait Robert Spaemann dans son livre Notions fondamentales de morale.

Présentation du problème
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Il est rare que le bonheur nous soit donné sans que nous ne fassions nous-mêmes quelques efforts. Cela veut dire qu’il nous faut agir dans notre vie pour garantir sa présence actuelle ou future. Nous devons donc choisir, parmi les différentes actions que nous pouvons entreprendre chaque jour, celles qui seront les plus efficaces, les plus efficientes, afin d’assurer notre bonheur. Ainsi, nous avons chaque jour de multiples décisions à prendre. Certaines décisions ont assez peu de conséquences dans notre vie mais d’autres peuvent avoir des conséquences qui peuvent engager notre vie future et celle d’autres personnes.

Il apparaît donc nécessaire de bien trier les possibilités d’action qui s’offrent à nous afin de cheminer sur une route qui conduise réellement au bonheur. L’activité qui permet de réaliser ce bon tri, la tradition philosophique le désigne par le concept de discernement. Être véritablement libre, c’est donc avoir la force morale de bien discerner ce qu’il nous faut décider pour réaliser le bien.

Si nous nous précipitons trop dans nos choix, si nous nous laissons gouverner par nos émotions et nos réactions émotionnelles, les conséquences de nos actes peuvent être néfastes. Et en même temps, si nous remettons toujours à plus tard les choix à faire, de réelles opportunités peuvent nous échapper. Alors comment faire pour que nos décisions soient les bonnes et portent de bons fruits dans notre existence et celles des personnes concernées ?

Réponse au problème
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C’est justement cette activité de notre intelligence que nous désignons par le concept de « conscience » qui nous permet de choisir, de trier, de discerner ce qu’il nous faut faire. La tradition philosophique nous dit que notre conscience fait de bons choix quand elle réussit à écouter la petite voix de la conscience. Cette petite voix de la conscience, Thomas d’Aquin l’appelle la Syndérèse. Or il existe une vertu qui nous permet d’apprendre à bien l’écouter, c’est la vertu de Prudence. Cette vertu s’appuie toujours sur les autres vertus cardinales dont particulièrement la vertu de justice.

Malheureusement, nous n’arrivons pas toujours à écouter correctement ce que nous dit notre syndérèse. Nous écoutons parfois d’autres voix qui se font plus fortes que la petite voix de notre conscience. Cela peut être la voix d’une émotion en nous, la voix d’un désir intense. Nos actes ne donnent alors pas forcément naissance à des fruits savoureux et parfois même les fruits récoltés sont amers voire empoisonnés ! Nous verrons dans ce cours que notre conscience se trompe malheureusement trop souvent. Nous verrons que les sources de nos erreurs peuvent se trouver dans ce que nous appellerons : les entraves à la syndérèse.

Pour être plus précis, nous nous trompons nous-même dans l’utilisation de cette activité intelligente que nous appellons notre conscience. Si nous utilisions bien notre conscience, nous ne nous tromperions pas. Cependant, il n’est pas facile de réussir à bien utiliser notre conscience. Des blessures accumulées, voire des brisures, peuvent nous empêcher de bien discerner les décisions à prendre. Sans le savoir nous pouvons être piloté par nos ressentiments.

Ainsi dans ce cours, nous prendrons mieux conscience de l’importance de notre conscience, et nous verrons finalement qu’un bon discernement, c’est le fruit de la vertu de prudence visant la vertu de justice. Cependant, nous verrons aussi que les blessures de la vie peuvent faire obstacles à nos capacités et parfois même au sain développement de nos vertus. Nous suggèrerons alors que sans la force du pardon, il est difficile de guérir de certaines blessures. Mais avant de voir cela, encore faut-il bien comprendre ce qu’est la conscience. La tradition philosophique distingue la conscience psychologique de la conscience morale. C’est ce que nous allons voir maintenant.

La conscience psychologique
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Référence
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Dans la question 79 de la première partie de la Somme Théologique, Thomas d’Aquin, médite sur la nature de l’intelligence humaine en se posant 13 questions qu’il va traiter dans les 13 articles suivants. Les 11 premières questions ne concernent pas notre objet d’étude actuel, en revanche les 2 dernières nous intéressent directement. L’article 12 porte sur la syndérèse que nous verrons dans le cours suivant. C’est donc plutôt l’article 13 de la question 79 qui nous intéresse particulièrement ici.

Définition donnée par Thomas d’Aquin
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Déjà remarquons que notre conscience, selon Thomas d’Aquin, ne se distingue pas de notre intelligence. Elle est notre intelligence quand elle s’applique à la connaissance des choses du monde, à la connaissance des choses intérieures à notre personne, et quand elle s’applique à la connaissance du bien et du mal concernant nos actions. La conscience n’est donc pas une faculté qui se distingue de notre intelligence. Elle est plutôt une utilisation particulière de notre faculté d’intelligence. Tout ce que nous avons dit sur notre intelligence auparavant est donc fort utile pour mieux comprendre ce que représente notre conscience. Vous trouverez le premier cours concernant notre intelligence en cliquant sur la petite image suivante. Comme ce cours fait partie d’une série, au début de ce cours vous trouverez aussi la liste des cours faisant partie de la même série.

Si nous méditons cet article 13 de la question 79, il est alors possible d’appeler conscience psychologique, l’acte de connaissance qui porte sur l’objet qui nous est donné. Cet objet peut être un objet extérieur, cette table, cette chaise, ou un objet intérieur, cette émotion ou ce sentiment. C’est donc elle qui permet de savoir qu’un objet est bien présent en face de moi, ou qu’une émotion, un sentiment, ou une pensée, sont présents en moi.

On parle alors du regard de la conscience. Perdre conscience, signifie alors ne plus savoir ce qui est présent à mes côtés ou en moi. Prendre conscience, à l’inverse, c’est réaliser grâce à un acte d’intelligence et de volonté que quelque chose est présent alors qu’auparavant, par défaut d’attention, nous ne l’avions pas remarqué.

Texte de Thomas d’Aquin
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Voici un texte extrait de l’article 13 de la question 79 de la Somme de Théologie de Thomas d’Aquin qui permet de mieux comprendre ce que représente la conscience pour lui :

« À proprement parler, la conscience n’est pas une puissance, mais un acte. C’est évident d’après le nom même, et d’après les opérations qu’on lui attribue dans le langage usuel. D’après le nom d’abord, conscience marque le rapport d’une connaissance avec quelque chose. En effet conscientia signifie cum alio scientia (connaissance avec un autre). Or l’application d’une connaissance à quelque autre chose se réalise au moyen d’un acte. Donc d’après l’étymologie même, il est évident que la conscience est un acte. — La même conclusion s’impose si l’on se réfère aux opérations attribuées à la conscience. L’on dit que la conscience atteste, oblige, incite, et encore accuse, reproche ou reprend. Or tout cela procède de l’application d’une certaine connaissance que nous avons à ce que nous faisons. Ce qui se réalise de trois manières : 1. Lorsque nous reconnaissons que nous avons accompli ou non telle action. Comme dit l’Ecclésiaste : « Ta conscience sait que tu as souvent maudit les autres ». Et dans ce sens, l’on dit que la conscience atteste. 2. Cette application se fait encore, quand, par notre conscience, nous jugeons qu’il faut accomplir ou ne pas accomplir une action. L’on dit alors que la conscience incite ou oblige. 3. Lorsque nous jugeons par la conscience que ce qui a été fait, fut bien fait ou non. Et alors l’on dit que la conscience excuse, accuse ou reproche. Il est clair que tout cela suit à l’application actuelle de notre connaissance à notre action. Aussi, à proprement parler, la consience désigne-t-elle un acte. »

Sources de nos erreurs
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Nos erreurs viennent le plus souvent d’un défaut d’attention. Notre attention est captée par des émotions ou des désirs au lieu d’être pilotée par nos vertus de prudence, de justice et de charité ainsi que par nos autres vertus. Nous aurons l’occasion d’en reparler quand nous verrons les entraves à la syndérèse dans le cours suivant.

Les degrés de conscience
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Notre conscience est donc un acte de connaissance. Cet acte peut porter sur différentes catégories d’objets. Soit notre conscience porte sur des objets extérieurs, soit elle se porte sur ce qui se passe en nous, dans notre corps, dans notre âme, et dans notre esprit. Nous pouvons donc à la fois avoir conscience des objets extérieur comme nous pouvoir avoir une conscience intime de nous-mêmes.

Cet acte de connaissance est plus ou moins précis, plus ou moins focalisé. Il consiste à observer et à reconnaître ce qui nous entoure ou ce qui se passe en nous. Cette observation peut se transformer en une plus grande connaissance si nous savons être attentifs et patients. Nous sommes donc plus ou moins conscients de ce qui nous entoure ou de ce que nous sommes. Il y a donc des degrés de conscience comme il y a des degrés de liberté. Mieux nous connaissons ce qui nous entoure, mieux nous nous connaissons nous-mêmes et plus nous sommes conscients.

La conscience morale
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Définition
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Comme le dit Thomas d’aquin dans son livre De Veritate dans le premier article de sa question 17, la conscience morale c’est « l’application de la science à un acte particulier ». Cela correspond à ce que nous avons vu plus haut dans le texte cité, l’étymologie même du mot conscientia signifie cum alio scientia, connaissance avec un autre.

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’application de la science à un acte particulier est elle-même « acte », elle est même précisément 2 actes qui se succèdent. C’est d’abord un acte d’attention à la règle que nous donne notre intelligence nous disant ce qui est bien et ce qui est mal. Puis, c’est ensuite un acte d’application de ce que nous dit notre intelligence à ce que nous faisons. Ces 2 actes relèvent de 2 facultés qui doivent fonctionner harmonieusement, l’intelligence et la volonté : l’intelligence pour pouvoir rester fidèle à la réalité, la volonté pour maintenir notre attention et notre application dans la bonne direction.

Confusion possible
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Quand notre conscience porte attention à la règle que nous donne notre intelligence, on parle de voix de la conscience. La voix de la conscience, c’est justement cette voix qui nous indique ce qui bon, ce qui est mal. Malheureusement, notre conscience peut être entravée par de multiples influences. Ainsi nous pouvons confondre deux choses qui se ressemblent :

  1. La voix de la conscience = notre conscience morale actuelle ;
  2. La petite voix de la conscience = la syndérèse.

Cette petite voix de la conscience nous est donnée naturellement. Cependant, elle n’est pas si simple à écouter. Si nous n’arrivons pas à l’écouter nous risquons de confondre un bien apparent avec un bien particulier respectant le bien commun.

Ce n’est pas si simple de l’écouter car nous pouvons avoir plusieurs voix en nous, et cela ne veut pas dire que nous avons un trouble de la personnalité. Voici les voix possibles :

  1. Il peut y avoir des voix qui viennent de nos émotions ou de nos désirs. Ceux-ci peuvent d’ailleurs être mimétiques et donc ne pas venir réellement de nous.
  2. Il peut y avoir des voix qui viennent de pathologies psychiques ou de substances chimiques que nous ferions mieux d’éviter (cannabis, LSD, etc.) ;
  3. Dans certaines religions, dont le christianisme, on envisage aussi la possibilité que des anges déchus puissent nous influencer en se faisant passer pour notre voix intérieure. Vous pourrez poser des questions à ce sujet dans le cadre des heures de pastorale, mais pas dans le cadre des cours de philosophie, en raison de la loi sur la laïcité.
  4. La petite voix de notre conscience, c’est-à-dire la syndérèse. En pastorale, vous pourrez découvrir que la tradition chrétienne considère que les motions de Dieu passent par la syndérèse. Nous pourrons parler de la syndérèse en cours de philosophie mais pas des motions de Dieu.

L’alliance du vrai et du bien
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Thomas d’aquin précise dans la question 79 de sa Somme de Théologie précisément dans l’article 11 de cette question :

« Le vrai et le bien s’impliquent mutuellement. Car le vrai est un bien, sans quoi il ne serait pas désirable ; et le bien est un vrai, autrement il ne serait pas intelligible.

De même donc que l’objet de l’appétit peut être un vrai, considéré comme bien, par exemple, lorsqu’on désire connaître la vérité, — de même l’objet de l’intellect pratique est le bien qui peut être ordonné à l’action, considéré comme vrai.

L’intellect pratique en effet connaît la vérité, comme l’intellect spéculatif mais il ordonne à l’action cette vérité connue. »

De cette remarque nous pouvons en déduire que lorsque notre conscience réussit à écouter la syndérèse, elle est l’acte qui réalise en nous l’alliance du vrai et du bien. Nous comprenons mieux pourquoi il est important de bien développer notre intelligence pour pouvoir faire le bien. Nous comprenons aussi mieux pourquoi nous avons besoin de développer en nous les vertus de prudence, de justice et de charité à la fois pour mieux connaître le monde qui nous entoure ainsi que les autres personnes, mais aussi afin de mieux nous connaître.

L’harmonie de nos deux facultés que sont l’intelligence et la volonté se réalise dans nos actes de conscience lorsque nos vertus intellectuelles et morales sont suffisamment développées. Nous pouvons alors mettre en pratique notre liberté de qualité.

Conclusion
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La conscience n’est pas une faculté, mais un acte. C’est un acte particulier de notre intelligence. Cet acte consiste à prendre connaissance des choses qui nous entourent, des choses que nous vivons intérieurement, et aussi à prendre connaissance du bien et du mal qui concernent nos actions. Sans nos actes de conscience la liberté de qualité est impossible à réaliser. Plus nous refusons de prendre conscience, plus nous risquons de tomber dans la liberté d’indifférence et peu à peu nous risquons de perdre même jusqu’à notre libre arbitre.

La conscience même si elle peut se manifester en nous sous la forme de tiraillements intérieurs, de regrets, voire même de remords, n’est pas une mauvaise chose pour nous, bien au contraire. Si nous acceptons d’écouter attentivement notre syndérèse, nos remords peuvent même se changer en repentir, et ainsi nous redonner confiance en notre liberté de qualité, c’est-à-dire notre puissance à réaliser le bien. Cependant, encore faut-il bien comprendre ce qu’est la syndérèse, quelles sont ses entraves et comment se libérer de ses entraves. C’est ce que nous allons voir dans le cours suivant.

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Conscience - Cet article fait partie d'une série.
Partie 1: Cet article

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